28 de abril de 2008

RECUEILLEMENT


Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir, il descend, le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aus autres le souci.

Pendants que des mortels la multitude vile,
Sous le jouet du Plaisir, ce bourreau sans merci
Va cueillir des remords dans la fête servile.
Ma douleur, donne-moi la main, viens par ici.

Loin d'eux, Vois se pencher les défuntes Aneés
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret Souriant

Le Soleil moribond s'endormir sous un arche,
et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Baudelaire